Julien Magre
Il s’agit ici de la troisième création de la compagnie, Et leurs cerveaux qui dansent. Depuis notre premier spectacle, A better Me, et avec le second Maintenant que nous sommes debout, nous concevons, écrivons et jouons nos créations à partir de nos propres histoires, avec pour objectif de brouiller les limites réalité/vérité/fiction.
Il s’agit ici de la troisième création de la compagnie, Et leurs cerveaux qui dansent. Depuis notre premier spectacle, A better Me, et avec le second Maintenant que nous sommes debout, nous concevons, écrivons et jouons nos créations à partir de nos propres histoires, avec pour objectif de brouiller les limites réalité/vérité/fiction.
Si dans le premier volet, il s’agissait de nos parcours de femmes avec
comme point de départ deux figures mythiques, Sylvia Plath et Marilyn Monroe,
dans le second de nos origines, nous en tant qu’enfants dont les familles sont
originaires de pays et de cultures inconnues, l’Algérie et le Maroc, il s’agira
ici pour ce troisième volet d’inverser le processus et de travailler sur nous
en tant que parents. Nous prenons le relai.
Maintenant que nous sommes debout s’achève avec la voix de nos enfants. C’est avec leur histoire que nous
commencerons ce nouveau chapitre.
L’histoire d’une différence.
Nos enfants présentent des spécificités d’ordre
neurologique qui nous obligent au quotidien à nous poser la question de la
norme et le flot de problématiques qui en découlent (rapport à l’éducation, à
l’école…)
Ils nous proposent un regard sur le monde inattendu et
déstabilisant,
Ce sera notre point de départ qui, comme à chaque fois, nous mènera bien
au-delà de ce que nous sommes en mesure d’imaginer aujourd’hui.
Nos enfants nous ont nécessairement conduit à nous poser la question de
la norme et de la différence. Ils sont différents. Mais ne le sont-ils
pas tous, d’une façon ou d’une autre ? Comment en tant que jeune mère
faire l’expérience du désir profond d’engendrer « l’enfant parfait »,
« exceptionnel » dans le sens hors norme qui se mue, une fois réalisé,
en une volonté farouche à revendiquer le droit de passer inaperçu, de rentrer
dans les cases, de ne pas faire de vague.
Comment concilier ces deux aspirations contraires ?
Un parcours entre
tentative d’invisibilité et survinvestissement de l’attention.
« Seigneur du monde, bienheureux, écoute la prière de ta servante qui
maintenant est mère. Quand un enfant naît, la famille souhaite qu’il devienne
quelqu’un, qu’il soit intelligent et se distingue des autres. Fais qu’il n’en
soit pas ainsi. Fais qu’il soit un petit enfant comme un autre, même un peu
stupide, indolents, sans études, un fils qui se met en apprentissage chez son
père, se forme au métier et le reprend.
Seigneur du monde, bienheureux, fais qu’il ait des défauts. Fais en sorte
que cet enfant ne soit personne dans ton histoire, fais qu’il soit un homme
simple, content de l’être et qu’il ne se fâche qu’avec les mouches.
Fais qu’il ne soit pas beau, qu’il ne suscite aucune envie. Écoute la
prière à l’envers de ta servante. Idiote que j’ai été de me vanter toute seule
de sa perfection, de sa venue en moi sans semence d’homme. Idiote qui a pêché
par orgueil en exaltant sa singularité. Qu’il ne soit personne, ton Ieshu,
qu’il soit pour toi un projet mis de côté, une de tes si nombreuses pensées
sorties de ta mémoire. On te prie déjà tellement de te souvenir de ceci ou de
cela. Oublie Ieshu. »
Au nom de la mère, Erri De Luca.
« Ce qui à la fois déroutant par moments et foutrement intelligent dans ce spectacle c’est le fait de rendre visible le cheminement d’une recherche, d’une écriture, d’une création. Tout au long du spectacle, nous assistons à une construction, un chantier dont nous voyons le terrassement, les murs, les fenêtres, les portes, les peintures et es couleurs. »
Abdel djallil Boumar
Abdel djallil Boumar