PROPOS
Maintenant que nous sommes debout est une forme d’enquête sur
les traces de nos origines, l’exil du Maroc et de l’Algérie. trompeuses.
Une tombe, des
maisons quittées à la hâte, des histoires racontées, la guerre, des apparences
La mémoire d’une histoire familiale, qui résonne comme une coquille
vide et souvent bien plus folle qu’une fiction. Une forme de théâtre
documentaire, le nôtre.
Écrire
l’exploration de notre histoire intime sans chercher à la lisser, ni à la
réconcilier.
NOTRE POINT DE DEPART
À l’origine il y a... Séphora
Ce que j’en sais : Ma mère a quitté le Maroc à 14 ans avec ses parents et ses 6 frères et soeurs, une nuit, en laissant tout derrière elle, sa maison, ses affaires, ses meubles, ses habitudes. La vie pour les Juifs devenait dangereuse. Arrivée à Châtillon sous Bagneux, on a déchiré son passeport marocain devant ses yeux, elle devenait française. Ma grand-mère, cardiaque de naissance, analphabète, mariée à un homme presque aveugle qu’elle n’avait pas choisi mais qu’elle a follement aimé était en décalage avec cette vie française froide et isolée.
Ma mère a franchi un tel pont avec mon éducation et avec la vie qu’elle a choisi de me donner qu’il me semble que je n’ai jamais pu comprendre cette culture, cette vie marocaine, ce pays que je porte mais dont je ne connais rien et où je n’ai jamais mis les pieds. Ma grand mère est morte en 2011 et la langue de ma mère se délie devient prolifique
« Je n’ai pas pu te transmettre le Maroc, je ne l’avais pas perdu. Il est
parti avec ma mère. C’est maintenant que je peux te le donner. »
Ce qui me reste ? Des mots en judéo-arabe entendus quand ma mère et ma grand-mère parlaient entre elles, des mots d’amour ou des insultes dans cette langue. C’est tout. Et des images, des anecdotes plus folles les unes que les autres, des fantasmes d’une vie dont je ne connais rien, que je n’aime pas d’emblée et qui est pourtant si proche. Familier et étranger. Autour et dedans.
À l’origine il y a... Vanessa
Ce que j’en sais : Je ne sais presque rien de l’histoire de mon père.
Il est né en Algérie, je ne sais pas où précisément. Il a vécu à la frontière marocaine, à Mascara. Sa famille est là depuis des générations. Son père était militaire. Il vivait en famille dans une grande maison : cousins, cousines, oncles, tantes, grands-parents… Ensemble.
Je ne sais presque rien de l’histoire de mon père. Quand j’entends parler de l’Algérie, c’est des détails, des anecdotes… l’odeur des figues, en été, dans le sud de la France.
La guerre est venue complexifier les rapports de mon père avec son pays d’origine. A 17 ans, il quitte l’Algérie, laissant tout derrière lui, sa maison, ses affaires, ses meubles, ses habitudes,
« c’était la valise ou le cercueil » répète-t-il.
Il n’y retournera que quelques années plus tard. Pour faire la guerre. En tant que français. Mon père a fait la guerre du côté des français. J’aurais préféré avoir un père déserteur. Je ne sais presque rien de l’histoire de mon père. Ce qu’il tait depuis que je suis née, je cherche à le formuler. J’ai la sensation d’être une exploratrice à la recherche du moindre indice qui pourrait me donner une clé, un début. Le début de mon histoire, de ce qui m’appartient. Des réponses à mes questions. Depuis toujours, tout me ramène à l’Algérie. Ou à la guerre.
À l’origine il y a... Séphora
Ce que j’en sais : Ma mère a quitté le Maroc à 14 ans avec ses parents et ses 6 frères et soeurs, une nuit, en laissant tout derrière elle, sa maison, ses affaires, ses meubles, ses habitudes. La vie pour les Juifs devenait dangereuse. Arrivée à Châtillon sous Bagneux, on a déchiré son passeport marocain devant ses yeux, elle devenait française. Ma grand-mère, cardiaque de naissance, analphabète, mariée à un homme presque aveugle qu’elle n’avait pas choisi mais qu’elle a follement aimé était en décalage avec cette vie française froide et isolée.
Ma mère a franchi un tel pont avec mon éducation et avec la vie qu’elle a choisi de me donner qu’il me semble que je n’ai jamais pu comprendre cette culture, cette vie marocaine, ce pays que je porte mais dont je ne connais rien et où je n’ai jamais mis les pieds. Ma grand mère est morte en 2011 et la langue de ma mère se délie devient prolifique
« Je n’ai pas pu te transmettre le Maroc, je ne l’avais pas perdu. Il est
parti avec ma mère. C’est maintenant que je peux te le donner. »
Ce qui me reste ? Des mots en judéo-arabe entendus quand ma mère et ma grand-mère parlaient entre elles, des mots d’amour ou des insultes dans cette langue. C’est tout. Et des images, des anecdotes plus folles les unes que les autres, des fantasmes d’une vie dont je ne connais rien, que je n’aime pas d’emblée et qui est pourtant si proche. Familier et étranger. Autour et dedans.
À l’origine il y a... Vanessa
Ce que j’en sais : Je ne sais presque rien de l’histoire de mon père.
Il est né en Algérie, je ne sais pas où précisément. Il a vécu à la frontière marocaine, à Mascara. Sa famille est là depuis des générations. Son père était militaire. Il vivait en famille dans une grande maison : cousins, cousines, oncles, tantes, grands-parents… Ensemble.
Je ne sais presque rien de l’histoire de mon père. Quand j’entends parler de l’Algérie, c’est des détails, des anecdotes… l’odeur des figues, en été, dans le sud de la France.
La guerre est venue complexifier les rapports de mon père avec son pays d’origine. A 17 ans, il quitte l’Algérie, laissant tout derrière lui, sa maison, ses affaires, ses meubles, ses habitudes,
« c’était la valise ou le cercueil » répète-t-il.
Il n’y retournera que quelques années plus tard. Pour faire la guerre. En tant que français. Mon père a fait la guerre du côté des français. J’aurais préféré avoir un père déserteur. Je ne sais presque rien de l’histoire de mon père. Ce qu’il tait depuis que je suis née, je cherche à le formuler. J’ai la sensation d’être une exploratrice à la recherche du moindre indice qui pourrait me donner une clé, un début. Le début de mon histoire, de ce qui m’appartient. Des réponses à mes questions. Depuis toujours, tout me ramène à l’Algérie. Ou à la guerre.
NOS MATERIAUX
Tout notre travail consiste à chercher une forme qui nous permette de brouiller les limites entre réalité et fiction. C’est-à-dire que nous utilisons des éléments qui sont vrais, de nos histoires personnelles, de l’ordre du documentaire intime, de la biographie, de nos origines et des éléments de l’ordre de la fiction, du fantasme, du rêve, de l’incarnation, des grands textes, une fiction qui nous permette de servir l’histoire, notre parcours.
- Je suis, documentaire d'Emmanuel Finkiel
- Le Bel instant documentaire de Stéphane Brizé
- Le Bel instant documentaire de Stéphane Brizé
-
l’Ennemi intime, film franco-marocain de Florent Siri
-
Ellis Island de Georges Perec
-
La Cerisaie de Tchekhov
-
Iphigénie de Jean Racine
-
un test aux
candidats à la naturalisation française
-
un
entretien entre Annette Bitton et Sonia Haymann
-
un
enregistrement de Séphora Haymann et Sonia Haymann
-
une
interview de Pierre Bettane par Vanessa Bettane
-
un message
vocal de Pierre Bettane
-
un film de
Séphora Haymann sur la tombe de Camille Bettane
Maintenant que nous sommes debout
Conception,
écriture et interprétation Vanessa Bettane et Séphora Haymann
Dramaturgie Stéphane Schoukroun, Vanessa
Bettane, Séphora Haymann
Collaboration
artistique Valérie Thomas
Création
lumières Laurent Bénard
Mise
en scène images et création vidéo Véronique
Caye
Création
musique AVC et sons Notoiof et Pregdan Mirier
Pièce
sonore et musique Dominique Petitgand, L’amorce des consignes, 1997
Musiques
utilisées Magas One Hundred Ten, Soap&Skin Voyage
voyage
Production Compagnie Mare Nostrum
Avec l’aide de la Spedidam et
le soutien du CentQuatre, du Théâtre Paris-Villette, de la Ménagerie de Verre
dans le cadre du Studiolab et de l'Arcal.
Résidence à la Ferme du
Buisson - Scène Nationale de Marne-la-Vallée.